Le lien entre les réseaux sociaux et l’entreprise est au cœur de ce blog. Je vous donne régulièrement des conseils pour améliorer la présence de votre entreprise sur les réseaux. Aujourd’hui, j’ai eu envie de vous présenter un cas concret de stratégie social media réussie. Je suis donc partie à la rencontre d’Albert, le fondateur de Sos Ciné.
Les réseaux sociaux peuvent être une véritable opportunité pour les entreprises. Certaines arrivent même à se créer des communautés fortes et investies. C’est, notamment, le cas de Sos Ciné.
Sos Ciné c’est quoi ? C’est une idée (un peu folle) qui a germé dans la tête d’Albert Piltzer lorsqu’il avait 30 ans. À cette époque là, Albert travaille dans une société de production audiovisuelle. Au fur et à mesure des projets, il se rend compte de la complexité de louer du matériel de tournage. Les prestataires demandent de très grosses cautions, il faut monter des dossiers solides…
Albert comprend alors que beaucoup de passionnés ne peuvent pas avoir accès à ce type de prestation. En parallèle, le matériel de tournage, grâce au numérique, devient de plus en plus abordable. Les petites sociétés de production investissent dans du matériel et cherchent à louer, ponctuellement, de la lumière, des objectifs, des retours-vidéo (ou autres) pour accessoiriser leur propre matériel. C’est alors que l’idée d’Albert prend tout son sens. Il crée Sos Ciné et y propose du matériel de tournage peu coûteux pour tous ceux qui n’ont pas accès aux prestations des gros loueurs.
Alors, pensez-vous qu’une entreprise parisienne de location de matériel audiovisuel puisse atteindre les 10 000 abonnés sur Instagram ? Presque autant sur Facebook ? Avoir plus de 4 000 abonnés sur Youtube et une communauté qui grossit à vue d’oeil sur Twitch et Twitter ?
C’est le pari qu’Albert s’est lancé, il y a 5 ans… Pari gagné !
Je suis allée à la rencontre d’Albert dans les locaux de Sos Ciné, plus précisément dans son studio Youtube/Twitch, et nous avons discuté réseaux sociaux, entreprise et influence.
Je vous livre ici notre entretien.
Bonjour Albert, peux-tu nous dire comment tu as pris conscience de l'importance des Réseaux Sociaux dans la vie de ton entreprise ?
Je connais leur importance depuis très longtemps car, dans une autre vie, je m’occupais de gérer des boîtes de nuit et j’étais le premier mec à organiser des soirées avec des groupes MSN. Je passais par un site qui s’appelait Zepeople (c’était avant Sortir à Paris et autres sites du genre). Il y avait déjà des « communautés » avec des photographes qui prenaient en photo les personnes présentes dans la boîte. On postait les photos sur le forum et les gens y parlaient d’eux-mêmes et des photos. Donc, j’ai compris l’intérêt de ce type de communication avant Facebook, puisque c’était dans les années 2000… ça fait un paquet d’années quoi !
Quand tu as créé Sos Ciné, avais-tu déjà en tête ta stratégie sur les Réseaux Sociaux ?
Oui, j’avais déjà une stratégie mais d’abord sur les forums professionnels puisqu’il fallait déjà que je me fasse connaître des professionnels pour être « validé ». Donc, j’ai débuté avec les forums Le Repaire, Cinéaste.org, et autres. Je suis allé sur ses forums pour trouver des adresses mails, des pseudos, puis je contactais les gens en messages privés. Toute la journée, je me mettais devant un ordinateur, dans un bureau, et je discutais avec des gens. Tout simplement.
Penses-tu que Sos Ciné aurait connu la même évolution sans les Réseaux Sociaux ?
Alors, il ne faut pas confondre « Réseaux Sociaux » et « Communication de masse« . Facebook a permis de faire de la communication de masse, mais le réseau social existe indépendamment d’internet. Le réseau social, tu l’as dans la vie de tous les jours en faisant des rencontres, en allant à des festivals… Ça, c’est du « réseau social ».
Le réseau social web te permet d’étendre et d’exploser. Si on prend l’exemple de Sos Ciné : on est un loueur dans le 18ème et on a une zone d’achalandise qui est Paris et Île-de-France. Les réseaux sociaux aident mais on peut faire sans… Ça prendra juste plus de temps !
Tu as fait le choix d'utiliser les réseaux sociaux pour développer ton entreprise. Quel rapport entretiens-tu avec eux ?
Ben, pour moi c’est un boulot en fait. J’ai des heures dans la journée qui sont destinées à travailler au contact de la communauté qui nous suit, à répondre à leurs questions, à publier, à monter, etc.
C’est encadré, c’est vraiment un taf ! Je différencie complètement le travail que je fais sur les réseaux sociaux (la communication, le personnage, etc.) de ma vie privée. Une fois que j’arrive chez moi, j’éteins tout et c’est fini.
Quand tu as commencé à t'intéresser à l'influence, tu cherchais des influenceurs qui pourraient travailler "avec" toi, et non pas "pour" toi, c'est bien ça ?
Oui. Je pensais qu’il y avait une situation qui était « win-win ». Quand je me suis rapproché des influenceurs, c’est parce que je pensais qu’ils allaient trouver en moi, et en ma structure, des leviers dont ils allaient avoir besoin. Que j’allais devenir indispensable pour eux. Puis ensuite, ils m’ont demandé ce que je voulais en échange…
Finalement, tu es toi-même devenu un influenceur...
Influenceur c’est un bien grand mot… On a une communauté de 10 000 personnes qui est très active, je reçois entre 10 et 80 messages par jour sur Insta, pareil au téléphone. C’est très lourd à gérer. Je suis allé les chercher un par un. Quand je travaille sur mes réseaux sociaux, je vais « spotter » (observer) des comptes Instagram que j’aime bien. Puis, une fois que j’ai regardé le compte, je leur envoie un message personnalisé et j’essaie d’entamer la discussion avec eux.
Et ils te répondent souvent ?
Pas mal ! Parce qu’en fait, je leur envoie un message, je ne fais pas le robot. Il y a des gars qui utilisent des robots pour envoyer des DM sur Insta et qui font grossir leur audience comme ça. Non, moi je contacte réellement une personne parce que son profil m’intéresse. Ce sont souvent des chefs opérateurs, donc des gens qui peuvent potentiellement être mes clients parce que je ne perds pas de vue mon objectif commercial. Je travaille à ce moment-là, ça me plait mais je dois rapporter de l’argent à l’entreprise.
Ce qui m'a beaucoup plu dans ta manière de gérer les réseaux sociaux de ton entreprise, c'est que tu l'axes beaucoup sur "l'aide à ta communauté"...
J’ai lu beaucoup de bouquins d’économie et je me suis beaucoup intéressé au socialisme, au capitalisme et autres… Et je me suis dis : « Tiens, il y a un truc bizarre dans le capitalisme, c’est l’accumulation de richesses sans limite« .
Je me suis dit qu’on ne pouvait pas faire ça, car une fois que tu as épuisé le lac, il n’y a plus d’eau. Je me suis donc demandé comment je pourrais créer une entreprise capitaliste qui soit sociale. Donc, une entreprise qui a besoin d’accumuler des richesses sans limite, mais dont la source n’est pas tarissable.
Le savoir est une denrée qui n’est pas tarissable. Tu peux le transmettre à autant de personnes que tu le veux, tu ne le perds jamais. La location c’est pareil : je peux louer le matériel autant de fois que je le veux, et je ne le perds pas.
Ensuite, je me suis dit que j’arrivais dans un milieu, où il y avait une bulle économique… Avec des gens qui travaillaient dans ce secteur en vase clos. Comme un lac sans rivière pour l’alimenter, puisque le nombre de clients était limité (principalement des boites de production). Donc quand j’arrive dans ce secteur, ma première option est de « piquer » les clients des autres. Ma deuxième option est de faire en sorte que des gens qui ne louaient pas se mettent à louer et apporter ainsi de l’eau à mon moulin en créant un cercle vertueux.
Tu ne peux créer un business model intelligent et durable, que sur un fonctionnement où tu apportes de la valeur ajoutée à ce que tu fais.
Si tu devais donner un conseil au patron d'une petite entreprise qui veut se lancer sur les réseaux sociaux, ce serait lequel ?
Ne pas perdre de vue son objectif et prendre du plaisir. Les réseaux sociaux peuvent l’aider à vendre et à se faire connaître, comme pour nous. Effectivement, si ça devient une charge pour ton entreprise et que ça la met en danger, arrête-toi… En revanche, si ça te permet de subvenir à ton besoin en fond de roulement, de manière purement comptable et stratégique, éclate-toi !
Une réponse
Albert on l’adore ou on le déteste je pense !
En tout cas il me fait bien rire dans ses vidéos où ils évoquent certains de ses clients ! 😀
Merci pour le partage de cette interview 🙂